Katalin Karikó – ancienne étudiante de l’Université de Szeged, Docteur Honoris Causa de l’Université de Szeged, enseignant-chercheuse de l’Université de Szeged, lauréate du Prix Nobel de médecine et de physiologie 2023
Katalin Karikó, docteur en biochimie, fut vice-présidente senior chez BioNTech RNA Pharmaceuticals où elle commença à travailler en 2013. En 2022, elle démissionna de son poste de vice-présidente senior pour consacrer plus de temps aux travaux scientifiques dans l’avenir. Elle est également professeur adjoint à la Perelman School of Medicine de l’Université de Pennsylvanie où elle travailla pendant 24 ans, de 1989 à 2013.
Depuis quatre décennies, ses recherches se concentrent sur les mécanismes médiés par l’ARN dans le but ultime de développer l’ARNm transcrit in vitro pour la thérapie protéique. Elle a étudié la réponse immunitaire induite par l’ARN messager ; avec Drew Weissman, immunologiste à l’Université de Pennsylvanie, elle a découvert que les modifications des nucléosides suppriment l’immunogénicité de l’ARN. Ces travaux révolutionnaires ont ouvert la voie à l’utilisation thérapeutique de l’ARNm. Son brevet, co-inventé avec Dr Weissman sur les uridines modifiées par nucléosides de l’ARNm, a servi de base aux vaccins ARNm anti-SARS-CoV-2 approuvés par la FDA et développés par BioNTech/Pfizer et Moderna/NIH.
Née en Hongrie en 1955, Katalin Karikó a grandi à Kisújszállás, petite ville d’à peine 10 000 habitants, à 150 kilomètres à l’est de Budapest, où elle a également fait ses études secondaires. Son intérêt pour la biologie a été en partie nourri par l’excellent professeur de biologie de l’école, Albert Tóth, et en partie par le travail de boucher de son père. Ses excellents résultats scolaires lui ont facilement ouvert les portes de l’Université de Szeged, qui a l’une des meilleures formations en biologie de Hongrie et un corps professoral à la pointe de la recherche moderne.
Après des années de réussite universitaire, elle y a obtenu son doctorat en biochimie en 1982. Sa thèse portait sur la synthèse et l’évaluation antivirale des oligoadénylates liés en 2′–5′, appelés 2-5A, qui sont responsables du mécanisme antiviral induit par l’interféron. Elle a effectué ses recherches au Centre de Recherche Biologique, en se concentrant sur le 2-5A généré avec un analogue nucléosidique, la cordycépine.
En 1985, après avoir déménagé à la Temple University de Philadelphie, elle a étendu ses recherches aux molécules 2-5A modifiées, à leurs nucléosides et leurs liaisons internucléotidiques. En 1986, elle a contribué à la réalisation d’un essai clinique à l’université Hahnemann, où des patients infectés par le VIH ont été traités avec de l’ARN double brin non apparié pour induire leur système antiviral. Elle a inventé un test qui a permis d’identifier l’existence d’un inhibiteur de la RNaseL dans les PBMC (cellules mononucléaires du sang périphérique) des patients infectés. Après avoir déménagé à Bethesda en 1988, elle a étudié l’effet anticancéreux de l’interféron à l’USUHS (Département de Pathologie) en utilisant les techniques de biologie moléculaire les plus avancées.
En 1989, elle intégra la faculté de médecine de l’Université de Pennsylvanie comme professeur adjoint de recherche. Elle commença à utiliser l’ARNm transcrit in vitro (IVT) pour surexprimer des protéines sélectionnées dans des cellules en culture. Son premier succès se produisit quand elle démontra que des protéines fonctionnelles et hautement transformées étaient générées à partir d’ARNm transcrit in vitro (IVT) transfectées dans des cellules de mammifères cultivées : c’était suggérer que l’ARNm codant pour les protéines thérapeutiques a le potentiel de traiter diverses maladies. Drew Weissman et elle ont toutefois démontré que l’ARNm IVT est immunogène et donc impropre à un usage thérapeutique. Ils ont identifié l’uridine comme responsable de cette activation. Après plusieurs années de recherche, ils ont découvert que l’incorporation de nucléosides modifiés d’origine naturels, tels que la pseudouridine, dans l’ARNm, le nouvel ARNm créé était hautement traduisible et a évité l’activation de TLR7 et TLR8 dans les cellules immunitaires humaines. Ils ont également inventé une procédure de purification qui a encore accru la capacité de traduction de l’ARNm. Suite à ces travaux, elle a démontré, avec ses collègues, l’utilisation fonctionnelle de l’ARNm modifié par les nucléosides codant les anticorps pour le traitement du cancer et des maladies infectieuses. Dans des modèles animaux de sclérose en plaques, ils ont utilisé l’ARNm codant pour l’autoantigène, prouvant que cette nouvelle technologie d’ARNm peut être utilisée pour l’induction de la tolérance, ouvrant ainsi la possibilité de traiter des maladies auto-immunes.
Elle est co-inventeur de treize brevets délivrés par les États-Unis concernant l’application d’ARN non immunogène modifié par des nucléosides. En collaboration avec le Dr Weissman, elle a fondé RNARx, une société consacrée au développement d’ARNm modifiés par des nucléosides pour la thérapie. Elle a été PDG de RNARx de 2006 à 2013. Elle est membre fondateur du comité de planification scientifique pour la Conférence internationale sur la santé de l’ARNm, une réunion annuelle à but non lucratif pour les progrès de la technologie de l’ARNm, inaugurée en 2013. En 2019, elle a été rédactrice invitée du numéro spécial de Molecular Therapy consacré à la thérapie à ARNm.